Le bruit d’impact en condo : entrevue avec un acousticien (partie 1 de 3)

Julie Leduc

vendredi, 25 mai 2018

Pour cet article, nous nous sommes entretenus avec l’expert en acoustique Jean Laporte, professionnel d’expérience dans le milieu de la copropriété, afin de bénéficier de son expertise et de ses conseils.  Depuis plus de trente ans, M. Laporte se passionne pour l’acoustique et l’insonorisation du bâtiment.  Il a suivi plusieurs formations chez Brüel & Kjaer (leader mondial des solutions pour l'enregistrement, la mesure, le test et l'analyse du bruit et des vibrations) et a mis sur pied un laboratoire mobile acoustique et vibratoire qui lui a permis de cumuler plusieurs milliers d’heures de tests. En 2006, il fonda la compagnie Acoustikalab inc. et a procédé depuis à des centaines de tests acoustiques.

Monsieur Laporte, selon vous, quelles sont les principales erreurs commises par les syndicats de copropriété?

L’erreur la plus fréquemment rencontrée est de croire qu’un matériel offre «en soi» une performance acoustique FIIC X, Y ou Z, plutôt qu’une performance étroitement associé à un assemblage plafond-plancher X, Y ou Z.  Les intervenants disent trop souvent qu’ils ont acheté une membrane « IIC/FIIC 69 » ou « IIC/FIIC 64 » alors que dans les faits réels, si on intègre le produit dans l’assemblage de leur bâtiment, la performance acoustique finale risque d’être complètement différente. En effet, si la structure du bâtiment est différente, le résultat final FIIC sera différent.  De plus,  même avec la même structure d’assemblage que dans la publicité, une variation significative de la performance d’isolation est possible.  De fait, la performance d’isolation au bruit d’impact d’une membrane est étroitement liée au reste de la composition de la cloison et ainsi, tel un gâteau, la recette d’insonorisation ne tient surtout pas qu’à un seul ingrédient (membrane).

La deuxième erreur la plus fréquente (complémentaire à la première) se rapporte à la distinction entre la performance d’isolation obtenue par un test réalisé dans un laboratoire certifié  (IIC) versus un test fait en chantier (FIIC ou AIIC). Une performance obtenue en chantier peut varier selon le bâtiment (même avec une composition de cloison identique) et ne représente pas une validation objective dans un environnement laboratoire. Conséquemment, il est aisé d’afficher des performances supérieures en chantier puisque qu’il est difficile de les reproduire dans un autre bâtiment.  Seul un test dans un laboratoire certifié de haut niveau ou une analyse statistique exhaustive sur une large quantité de tests en chantier peut offrir un indice de performance signifiant. En ce sens, un manufacturier qui explique bien les paramètres des tests sur leurs produits ainsi que les différences d’un assemblage à l’autre et offre une information technique précise et élaborée est beaucoup plus fiable et sérieuse dans leur information.

Hélas, rien ne régit ce genre de publicité et cela demande beaucoup de prudence de la part du lecteur non expert.  Certaines compagnies sont honnêtes et transparentes, alors que d’autres profitent de la situation sans retenue en jouant sur ces floues pour offrir le chiffre le plus élevé d’isolation au bruit d’impact pour séduire l’acheteur potentiel.  Bref, un chiffre d’isolation sonore n’est surtout pas à lui seul une garantie de performance in situ. De plus, il y la véracité des tests et la crédibilité des informations fournies qui sont importantes. Par exemple, on a déjà vu l’inscription sur un document de publicité : « estimation fournie par un acousticien sénior compétent »…  C’est non seulement très vague et peu crédible comme référence, mais en plus c’est une estimation.  On est donc très loin ici de test de laboratoire. Malheureusement, toutes ces nuances et confusions sont nourries par des fabricants où la pression marketing l’emporte  trop souvent sur l’information claire, objective et formelle. Une analyse détaillée par un expert permet de faire ressortir ces stratégies et permet de rendre les lauriers mérités grâce à des arguments scientifiques valides (détails de la cloison testée, devis techniques, etc.).

Enfin, la plupart des firmes d’avocats et la jurisprudence confirme que le laisser aller est le pire ennemi de la copropriété...  Si tous et chacun fait ce qu’il veut sans règle ou avec des règles non respectées, vous irez assurément confronter des problématiques de copropriété, qui à termes affecteront la valeur et la qualité de vie. Une charte de règlements d’immeuble claire, précise et respectée dans son application garantit paix, équité et valeur de revente.

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